Ces mots évoquent peut-être pour vous ce film assez émouvant, où Isabelle Carré joue le rôle d’une jeune-femme atteinte de la maladie d’Alzheimer. De façon étonnante, ce film, vu et apprécié à l’époque de sa sortie, n’a pas réussi à effacer la symphonie d’images (oui, les images sont aussi sonores !) qu’il avait fait naître en moi lorsque j’ai découvert l’affiche. Ces images sont pour moi comme une injonction destinée à conjurer les gros nuages gris qui parfois viennent alourdir le cœur… Quand on a agi, mais que la tristesse stagne, se souvenir des belles choses, dans nos oreilles et dans nos yeux intérieurs, c’est encore la plus douce des consolations…
Voici cette auto-injoinction :
Quand le cynique brandit son arme,
Se souvenir de la première brise printanière sur ta peau hivernée
Quand cette personne aimée tourne à l’orage,
Se souvenir du parfum et de la rose et du jasmin
Quand le quignon de pain, espoir de l’enfant affamé, est projeté au loin par une botte fasciste,
Se souvenir de son rire enfantin au creux de tes bras
Quand un ami t’a oubliée et pour tous ceux égarés le long du chemin,
Se souvenir du chant sur lequel vous glissiez ensemble
Quand de sordides images, autrefois aperçues, resurgissent et te hantent,
Se souvenir de l’indicible délicatesse des pivoines
Quand la Terre s’asphyxie, à chaque arbre assassiné,
Se souvenir de tes rêves de forêt, pleins d’espace intérieur
Quand on te livre un mensonge,
Se souvenir de l’immensité de la mer, qui les dilue tous
Quand tes morts sont décidément trop absents,
Se souvenir de leurs mots, de leur voix,
Quand ta salle de joie se vide
Se souvenir de la valse !
My Favorite Things, valse jazz à laquelle je voue une profonde affection, dit tout cela bien mieux que moi. C’est pourquoi je partage ici l’enregistrement que j’en ai fait il y a quelques années :