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Secret et transparence

 

Vous l’aurez sans doute compris, le yoga tantrique est un insoumis ! Insoumission donc aux abstinences et aux observances (Yama et Niyama).

Les Yama consistent à : s’abstenir de blesser, de mentir, de voler, de s’adonner à la sensualité, de s’adonner à l’avidité.

Les Niyama prescrivent : la non-violence, le non-vol, le célibat, la non-avidité.

Et si le yoga tantrique pense que chacun doit découvrir les vérités de l’intérieur et par lui-même, il se trouve que finalement, la vie d’un yogi accompli en revient souvent à appliquer spontanément ces principes, avec une nuance concernant le célibat et le plaisir ; mais là encore, il conviendra de faire la différence entre la consommation de sexe aveugle et compulsive et le plaisir légitime , formateur et pour ainsi dire existentiel d’un être incarné. Les saveurs de la vie ont au contraire une place de choix dans la pensée tantrique, mais toujours en conscience.

Par ailleurs, ce même yoga tantrique, shivaïte, qui est le mien, fait une différence entre ce qui concerne l’être humain dans sa relation avec lui-même et l’être humain dans sa relation avec les autres. Bien sûr, les deux mondes ne peuvent être complètement séparés et il y aurait là matière à réflexion et échange…

Une expérience personnelle récente, conjuguée à ma relecture du Hatha Yoga Pradipika, un des textes fondateurs du Yoga, m’ont inspiré les réflexions d’aujourd’hui.

 

Apologie du secret

Ce texte prescrit de tenir sa sadhana (pratique) secrète. Il ne s’agit pas ici de ne pas transmettre la science du yoga, mais de garder pour soi les expériences intérieures que l’on vit, de ne pas s’en vanter, surtout si ces expériences débouchent sur des Siddhis, ou pouvoirs personnels. D’une part cette attitude est grandement susceptible de développer l’ego et de ralentir la progression vers la véritable connaissance. D’autre part et comme c’est le cas pour le Samkalpa, divulguer nos expériences intérieures, si merveilleuses soient-elles, leur fait perdre de leur puissance. Dans sa traduction commentée du texte en question, Swami Muktibodhananda illustre cette affirmation en donnant l’exemple d’une personne qui déracinerait une plante en germination pour montrer aux autres comme elle pousse bien. Il donne un autre exemple : la flamme d’une bougie qui illumine une pièce obscure, mais dont la lumière se perd au grand jour. Il donne enfin l’exemple de Jésus, qui a fini comme on le sait pour avoir montré ses pouvoirs au monde.

Lorsque la recherche personnelle est concernée, le secret est donc comparable à un trésor.

 

Mensonge et dissimulation dans les relations humaines

Qu’en est-il lorsque d’autres personnes sont impliquées ?

Qu’en est-il de ce que l’on cache volontairement, acte parfois appelé mensonge par omission, ou mensonge pur et simple ? Et sur quoi se base une telle attitude, dont certains ont fait leur mode de fonctionnement ?

C’est encore une fois une forme de cupidité qui est impliquée, la peur de perdre ce que l’on a, que ce soit la considération de l’autre ou, pire, les avantages matériels qu’il nous procure. Il s’agit donc bien d’abus de confiance et de manipulation, de désir de pouvoir sur autrui… Comme le dit le philosophe Alain :

“Il n’est pas de tyran au monde qui aime la vérité ; la vérité n’obéit pas.”

 

Une double problèmatique

D’abord pour celui qui fonctionne sur le mode du mensonge. Se ment-il à lui-même aussi ? Est-il pleinement conscient de ce qu’il fait ? A-t-il une idée des conséquences sur autrui et sur son propre développement ? Connaît-il la loi de cause à effet ?

Le yoga, propose des solutions. Il voit la cupidité ancrée dans le chakra racine, appelé Muladhara, la peur dans le troisième chakra, appelé Manipura. Toutes les pratiques liées à ces chakras ont pour but de purifier ces parties animales de nous mêmes, pour les transcender et en garder le meilleur.

Il y a problème aussi pour celui qu’il a manipulé ou tenté de manipuler. Pour citer Lao Tseu : “Les mots de vérité manquent souvent d’élégance. Les paroles élégantes sont rarement vérités.” Je nuancerais ce propos, mais personnellement, j’ai toujours pensé qu’une vérité si dure soit-elle valait mieux qu’un joli mensonge. La raison souvent invoquée, ou le prétexte facile, pour justifier le mensonge est la volonté de ne pas blesser l’autre… Mais c’est faire abstraction d’un fait bien réel : découvrir un mensonge est beaucoup plus blessant que la vérité elle-même.

Pourtant, quelle que soit l’ampleur de cette blessure, il faut continuer à garder sa foi en la vie, en l’amitié, en l’amour. Agir sur les turbulences du cœur en travaillant sur Anahata, le chakra du coeur, respirer, méditer… Voilà les solutions du yoga.

La transparence et la confiance sont selon moi la base d’une relation saine et perfectible. Bien sûr, il faut avoir le courage de ses actes d’une part et le courage d’entendre ce qui déplait d’autre part. Si c’est facile pour certains, cela demande de réels efforts à d’autres. Dans tous les cas, ces qualités se cultivent.

Et comme toute “vérité” a sa contre-vérité, je terminerai cette réflexion par l’évocation du film “Goodbye Lenin”, un des plus émouvants que j’aie pu voir… On y voit un fils adolescent s’ingénier pendant des semaines à faire croire à sa mère, en dépit de tous les indices du contraire, que la RDA existe telle qu’elle l’a connue avant son coma, croyant celle-ci très attachée à l’ancien régime… Tout cela par amour. A voir absolument si vous ne connaissez pas ce film.

N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires.

Sylvie

That’s all folks !

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