Un geste d’amour à s’offrir
Tratakam, aussi appelé Trataka ou Tratak, est une pratique bien connue de tous les Yogi. On peut même dire que sa renommée a dépassé les frontières du monde du Yoga. Et pour cause ! Facile à réaliser, fascinante, enveloppante, cette méditation* vous laissera dans un état exquis de bien-être et de paix intérieure.
* Il s’agit en fait d’une concentration : la fixation d’une flamme (on est actif). Cependant, si vous la réussissez, elle laissera place à un état méditatif merveilleux ; on serra alors dans la méditation (on n’est plus actif). Et c’est facile de trouver cet état avec Tratakam, d’où le raccourci que j’ai fait de “concentration” à “méditation” !
Comme toutes les techniques connues, Tratakam se décline de maintes façons. Nous vous proposons ici une version de l’école Natha.
Préalables
Matériel et installation
Matériel : Prévoir une bougie et éventuellement de quoi la positionner en hauteur.
Assise : Prenez une assise (si possible au sol) qui vous permette de garder le dos droit, en utilisant éventuellement des coussins pour le confort ; si l’on n’a pas d’effort à faire pour rester bien droit, on pourra garder l’esprit libre pour la concentration.
La simple position du tailleur convient, mais le diamant (à genoux) est possible aussi, et bien sûr le lotus, toujours bienvenu.
Si vous avez du mal à être assis au sol, une chaise peut aussi faire l’affaire, à condition de rester bien droit et si possible sans s’appuyer.
Position du corps par rapport à la flamme : On s’installera à une cinquantaine de centimètres de la flamme. Celle-ci devra se trouver au niveau des yeux. Installez donc votre bougie en conséquence.
Gestuelle
On fera Mulabandha (contraction de l’anus). Ce geste essentiel aide à rester bien droit sans se fatiguer. Il constitue en outre un excellent adjuvant pour le mental, qui restera ainsi plus facilement concentré.
La fixation de la flamme. Le regard sera intense, mais détendu, pour éviter les larmes. (Si toutefois les larmes surviennent, ce n’est pas grave. Elles lavent les yeux).
Déroulement
Ce Dharana se décompose en trois phases, chacune d’elle divisée en deux étapes : les yeux ouverts, puis les yeux fermés. On va jouer sur la fascination naturelle qu’exerce la flamme pour entrer de plus en plus intimement dans l’ambiance de l’élément feu.
1ère phase : fixer la flamme comme un objet extérieur
Les yeux ouverts
- Fixation : fixez la partie la plus lumineuse de la flamme pendant quelques minutes : deux, trois… ou plus, selon le temps dont vous disposez.
- Visualisation intérieure (ressenti) : En même temps, sentez votre souffle qui circule dans la colonne vertébrale : il monte à l’inspiration et descend à l’expiration.
- Mantra Ham Sa. Utilisez ce Mantra intérieurement (rien n’est dit à voix haute) pour accompagner le souffle : Ham à l’inspiration, Sa à l’expiration. Si vous êtes novice, vous pouvez laisser de côté le Mantra.
Pour résumer, on fixe la flamme et on sent l’énergie monter dans l’axe avec Ham à chaque inspiration, puis descendre dans l’axe avec Sa à chaque expiration.
Se laisser aller à cette fascination. Laissez vous happer par la magie de la flamme.
Les yeux fermés
- L’image rémanente. Fermez ensuite les yeux. Très vite, une image mentale apparait : celle de la flamme. C’est l’image rémanente
- Concentration sur l’image de la flamme. Gardez votre regard intérieur fixé sur cette flamme. Si elle disparait, vous pouvez la faire revenir par la force de votre concentration.
- Même processus qu’avec les yeux ouverts. Faites exactement la même chose que précédemment : fixation, souffle, visualisation, Mantra
- Rouvrir les yeux, lorsqu’on ne peut plus faire revenir la flamme (ou encore si le temps dont vous disposez est restreint et que vous voulez faire les deux autres phases)
2ᵉ phase : établir un lien énergétique entre la flamme et soi
Les yeux ouverts
- Rapprochez le visage de la flamme (veillez à ne pas bouger le reste du corps pour ne pas perdre en concentration).
- Conservez le Mantra Ham Sa, mais abandonnez la visualisation du souffle dans l’axe ; la visualisation se fait maintenant entre la flamme et vous, comme un fil d’énergie invisible qui vous relie :
- Inspirez de la flamme vers Ajna, le Chakra entre vos deux yeux, toujours avec le Mantra Ham
- Expirez depuis Ajna jusqu’à la flamme avec le Mantra Sa
Les yeux fermés
Effectuez exactement le même travail qu’avec les yeux ouverts. On notera que le trajet entre la flamme et Ajna risque de paraître bien plus court dans la mesure où la flamme rémanente apparaît justement dans Ajna.
3ᵉ phase : devenir la flamme
Les yeux ouverts
La fusion avec la flamme. Restez proche de la flamme et tout en continuant à la fixer, fusionnez avec elle. Si vous y parvenez, vous êtes en méditation : on est en état de méditation lorsqu’on devient l’objet de la concentration. Cette phase sera plus facile à chaque nouvel entrainement.
Les yeux fermés
Comme pour les deux autres étapes, il s’agit de suivre le même processus qu’avec les yeux ouverts. Ici, devenir la flamme peut paraître plus aisé les yeux fermés… Mais il n’y a pas de règle. On peut, au début sentir cette flamme dans Ajna, comme étant soi, puis voir ce “soi” s’expandre de plus en plus et occuper tout le corps, et même au delà du corps.
Conclusion
Outre le plaisir qu’elle procure, et le plaisir est très bénéfique, cette pratique permet aussi d’aiguiser la conscience. Vous pourrez déceler les inévitables failles dans votre concentration, certaines en tout cas, car la plupart sont extrêmement fugaces. Un discernement qui s’affinera au fil du temps.
Améliorer la capacité de concentration. Dès qu’une baisse de concentration est perçue, il convient de la stimuler en réaffirmant Mulabandha et l’intensité du regard. À force d’entrainement, il sera plus facile de se concentrer dans la vie quotidienne. Les résultats sont d’ailleurs plus vite perceptibles qu’on ne pourrait le penser.
À l’issue de ce Dharana, votre esprit sera clair et serein, votre cœur plein d’amour et de paix. En vous faisant du bien, vous en faites aussi aux autres, par votre propre rayonnement, en faisant monter le taux vibratoire. Chacun amène sa contribution à l’humanité.
