L'homme, ce mille-feuille
Les différents corps
A première vue, un humain est un être composé d’un tête, d’un tronc, de deux bras et de deux jambes… Cette forme -là est celle du corps physique, facilement reconnaissable, une géométrie à peu près stable et “finie”.
Que dire alors des pensées, des émotions, des connaissances, des souvenirs, des rêves qui, eux, telles des volutes façonnées par ce que l’on vit, prennent des formes aussi diverses que variées ? Tout cela appartient au corps mental bien sûr. Que dire aussi de l’énergie et de ses mille facettes, du rayonnement et du magnétisme qui émanent d’un humain ?
Du corps matériel émane une certaine énergie. Ainsi, la joie, la peur, l’amour, la sérénité, mais aussi la bonne santé, la vitalité ou la maladie irradient différemment et l’on peut percevoir une même personne de façon très différente selon l’énergie qui l’habite. C’est le premier corps subtil, le corps énergétique, souvent appelé “corps prânique” et parfois, dans d’autres traditions “corps éthérique”.
Pour le Yoga tantrisme, l’homme est donc composé de différents corps, ou Kosha, imbriqués en couches les uns dans les autres et allant du corps le plus dense vers des corps de plus en plus subtils. Le corps physique est généralement représenté au centre ; c’est le plus dense. Ensuite, comme une émanation subtile, comme une vapeur invisible, le premier corps énergétique, ou prânique, puis les différents corps mentaux. Le corps physique serait comme la concrétisation de l’ensemble des corps subtils.
Notons que cette représentation classique n’est pas la seule, mais elle a le mérite d’être très parlante.
Les diverses traditions en dénombrent entre cinq et neuf. Mais cela n’a guère d’importance, les corps mentaux les plus subtils ayant peu de chances d’être appréhendés depuis notre être terrestre, forcément limité.
Interdépendance des corps
Ce qui importe, c’est l’interdépendance de tous les corps
Certains éléments de la structure énergétique, notamment les Guna, ont une action égale sur les trois plans :
- Physiologique
- Energétique
- Mental
Les Adhara quant à eux, sont des lieux de force qui relient les différents plans…
Mais dans tous les cas, il existe un jeu, une interaction entre les différents corps. Ce qui arrive à l’un arrive aussi à l’autre. Ainsi, tous les niveaux de l’être sont touchés.
Yoga tantrique et travail sur l'énergie
Le Yoga tantrique mise énormément sur le travail de l’énergie, qui constitue une interface entre le physique et le mental. Ainsi, même dans les postures, on intervient sur la nature de notre énergie, sur sa qualité et sur sa quantité, en passant notamment par la respiration et sa visualisation, ainsi eu par les Mudra, qui optimisent le travail. Plus notre énergie est pure et puissance, plus on est à même d’engendrer l’évolution que l’on souhaite voir apparaître en soi. On peut donc affirmer que la structure énergétique est le lieu essentiel.
On veut que toutes nos pratiques exercent une influence non seulement sur le physique et sur le mental, mais aussi sur le corps énergétique : Nadi, Chakra, Adhara, Vayu…
La posture n’est qu’un prétexte pour appréhender différemment notre structure énergétique. Les Bandha, Mudra et Prânâyâma aident. La posture n’est pas qu’un acte ; elle nous met en contact avec le corps énergétique et avec le corps mental.
L'homme et l'univers, microcosme et macrocosme
Influence de l'univers extérieur sur l'univers intérieur de l'homme
Une base fondamentale du Yoga tantrique est qu’il y a une relation et même une équivalence entre le macrocosme et le microcosme, entre l’univers et l’individu.
Le postulat de base est que l’individu est un univers à échelle réduite. Il en est la réplique parfaite.
Ainsi, par exemple, les 5 Kosha (corps subtils abordés ci-dessus) correspondent à 5 Loka de l’univers, dans la cosmogonie du Yoga.
Toutes les énergies qui agissent sur l’univers agissent également dans chaque individu. Ne sommes-nous pas influencés par le climat, pour choisir un exemple très simple ?
Influencer l'univers extérieur, donc notre vie
Les influences opèrent dans les deux sens, du dehors vers le dedans et du dedans vers le dehors.
Le yoga s’intéresse à cette deuxième influence : on veut que “ce que je suis” agisse sur “ce qui m’arrive”. On tend à ne plus être influencé par le monde extérieur, en tout cas le moins possible. L’influence part de l’intérieur vers l’extérieur et on devient créateur de sa vie. Au lieu de subir les alea de la vie, on en devient responsable, on fait des choix, on la façonne. C’est un chemin de liberté. Dès lors que l’on ressent cette force et cette autonomie, notre vie devient un chemin d’ouverture sur l’autre, d’amour et de compassion.